Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/481

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Chandernagor comme procureur de la mission du Thibet et les tracas qu’il lui causa furent tels que ce religieux écrivit à Lenoir que, pour se mettre à l’abri des persécutions des Jésuites, il était prêt à aller habiter avec les hérétiques.

Cependant le P. Saldin, arrivé à Pondichéry, regretta d’avoir cédé si bénévolement le terrain à ses adversaires, et soit qu’il dît la vérité, soit plutôt qu’il la déformât, il prétendit qu’on l’avait intimide à Chandernagor et par des injures atroces dégoûté d’y rester, autrement il aurait continué d’administrer les sacrements à la loge jusqu’à ce que l’évêque de Saint-Thomé eût expressément révoqué les pouvoirs qu’il tenait du vicaire de Vara. Ces insinuations visaient naturellement Dupleix qui de son coté se flattait d’avoir tenu en échec les volontés « noires » du gouverneur. Mais Lenoir n’était pas homme à traiter l’affaire par le dédain ; tenant pour véridiques les plaintes du P. Saldin, il écrivit à Dupleix en mars 1732 que ce père aurait dû pouvoir continuer d’administrer les sacrements jusqu’à décision contraire de l’évêque. Cela était plus convenable pour les droits de la Compagnie que les Jésuites voulaient anéantir. Puis, dans une attaque plus directe à Dupleix, le Conseil ajoutait :

« Le peu d’attachement de quelques-uns de vous aux droits de la Compagnie et la turbulence de ces pères vous ont empêché d’envisager cette affaire dans son véritable sens… Il serait à souhaiter pour le maintien des privilèges de la Compagnie que leurs intrigues et les vôtres pour favoriser leurs injustes prétentions ne parussent plus dans leurs pièces. »

Plus loin, Lenoir ou son Conseil reprochait à Dupleix d’avoir conduit seul l’affaire ; l’avis des conseillers n’était consigné nulle part. Il devait en conséquence à l’avenir