Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/482

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prendre l’opinion de son conseil, les consigner toutes par écrit et exécuter celles qui seraient prises à la majorité des voix. « Ce que vous observerez dans la suite », ajoutait le Conseil supérieur.

Dupleix répliqua vertement quoique « sans fiel », du moins il le disait. Les « injures atroces » dont il aurait accablé le P. Saldin étaient pur mensonge, il pouvait le prouver. Ce religieux, bourrelé de remords par le désordre qu’il avait mis dans la colonie, n’avait su donner une autre forme à son désistement volontaire. Il ne parlait pas de même à Dupleix lorsqu’il vint lui demander congé ; mais « autres temps, autre soin ». En ce qui concernait l’annulation du mariage La Gonge, c’était l’évêque de St-Thomé lui-même qui avait déclaré nuls les mariages contractés par le théatin ; le P. Boudier n’avait fait qu’exécuter ses décisions. Dupleix était par conséquent fondé à s’incliner devant cette autorité plus réelle que celle du vicaire de Vara. « Le sentiment opposé, ajoutait-il, doit être au moins suspendu jusqu’à la décision d’un juge supérieur à celui qui a parlé. Ces sortes d’affaires ne sont pas un jeu et vous ne devez pas, s’il vous plaît, les regarder comme un fait de commerce auquel nous sommes obligés de nous conformer, lorsqu’il vous plaît de nous l’ordonner. La matière est bien différente et je ne puis jamais être blâmé de ne vous avoir pas cru sur un fait de religion, lorsque je sais sans en pouvoir douter, que l’Église et les lois du monde me parlent différemment. » Quant à l’avis du Conseil que Lenoir semblait mettre en doute, tout le monde avait pensé comme Dupleix. Il prenait cependant très volontiers pour lui la responsabilité de la « mauvaise conduite » de cette affaire et amendait tranquillement la décision de la Compagnie, étant convaincu qu’il n’avait