Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

volonté nécessaires pour réagir contre leur soif de richesses ou leurs appétits de jouissance. Mais combien d’autres chefs, même de nos jours, n’ont pas fait mieux ! Le mal était d’ailleurs le même chez les Anglais qui avaient encore moins de scrupules à s’inspirer des circonstances de guerre pour s’enrichir d’une façon abusive.

Parmi les officiers que leurs destinées appelèrent ainsi dans l’Inde au temps de Dupleix, nul ne mérite mieux que Bussy de retenir l’attention de l’histoire. Le nom de Montcalm est plus connu, parce qu’il est attaché au souvenir de la dernière bataille qui nous fit perdre le Canada ; mais celui de Bussy est aussi grand, moins peut-être par la merveilleuse épopée qu’il a écrite dans le Décan que par l’esprit plus politique que militaire qui a présidé à l’occupation de ce pays de 1752 à 1757. Bussy ou plutôt le marquis Charles Joseph de Bussy-Castelnau, né à Bucy près de Soissons en 1718, était plus riche d’espérances que de réalités lorsqu’il entra au service de la Compagnie des Indes, très probablement comme enseigne. Il semble qu’il ait d’abord servi aux îles puis à Pondichéry. Quoiqu’il en soit il s’embarqua à Pondichéry pour les îles sur le Penthièvre le 18 octobre 1741[1]. Il était alors lieutenant. On ne sait pas d’une façon précise quand il revint dans l’Inde ; mais son séjour aux îles dut être de courte durée. Revenu dans l’Inde où se déroula désormais toute sa carrière militaire et où il mourut quelque quarante ans plus tard, les événements ne devaient pas tarder à mettre en lumière ses qualités exceptionnelles. Il fut avec Paradis le collaborateur le plus dévoué de Dupleix, et aussi le plus judicieux et le

  1. A. C. C2 80, p. 237.