Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/103

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devenue veuve, de tout ce qu’il pouvait lui prendre et vendait pour ses menus plaisirs les galons de ses propres vêtements et les boucles d’argent de ses souliers. Sa mère obtint de Fulvy qu’il le fît passer aux îles puis dans l’Inde (1738). Tel encore Saint-Janvier, neveu de Saintard, élevé dans la meilleure pension de Paris, mais dont on dut le retirer à cause de son indiscipline et du dérèglement de ses mœurs. Les maîtres qu’on lui donna dans la suite déclarèrent tous qu’ils perdaient leur temps à continuer son instruction ; il n’allait ni chez les uns ni chez les autres. C’était la mollesse et la paresse même. Il ne manquait cependant pas de jugement pour comprendre les choses, mais il en manquait totalement pour se conduire. À la fin Saintard se résolut à l’envoyer dans l’Inde comme cadet (novembre 1741). Il paraît d’ailleurs, par les lettres de Dupleix, que la conduite dans l’Inde de du Saussay et de Saint-Janvier, après avoir donné lieu aux mêmes critiques qu’en France, se soit peu à peu améliorée et qu’ils soient devenus l’un et l’autre d’assez bons sujets.

Tous les officiers, fort heureusement, ne ressemblaient pas à du Saussay et à Saint-Janvier ; d’autres, en plus grand nombre, étaient mieux équilibrés, mais venus pour la plupart dans l’Inde parce qu’ils manquaient d’argent ou avaient compromis leur fortune, ils n’avaient peut-être pas la force d’âme nécessaire pour résister aux attraits des profits inopinés, que les circonstances pouvaient leur procurer. Or, quelles circonstances plus favorables que la guerre ? La guerre élève les courages, mais elle libère les mœurs et l’on verra que le succès des entreprises militaires de Dupleix fut souvent compromis par les excès de ses officiers trop âpres au gain et Dupleix, il faut le reconnaître, n’eut pas toujours le courage ni la