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d’hommes répandus de Madras à Goudelour et ce fut pis encore, lorsqu’on pénétra dans le Carnatic et le Décan. Pour subvenir à tout, cet officier fut obligé de se faire aider par des officiers indiens subalternes intéressés à le tromper. Et ceux-ci ne s’en faisaient pas faute ; un commandant de cipaye était payé pour 500 hommes, il n’en avait pas plus de trois ou quatre cents. Chaque cipaye était payé par la Compagnie sur le pied de six roupies par mois ; il n’en touchait que quatre et même trois selon les conditions particulières passées avec qui l’avait engagé. Toutefois ces abus ne commencèrent à se manifester sur une certaine étendue qu’à partir de 1749 ; mais alors ils firent parfois le plus grand tort à nos expéditions. D’après les états de revue, on comptait sur des effectifs qui n’existaient pas. Lauriston ajoute que les Anglais, qui, à notre exemple, enrégimentèrent des cipayes, ne purent pas obtenir plus de discipline ni de sincérité.

Dupleix fut ainsi le véritable créateur des cipayes, puisqu’aussi bien toute création est presque toujours une adaptation ou une transformation d’institutions déjà existantes. L’histoire nous a conservé le nom des deux chefs principaux qu’il mit à leur tête ; ce furent Abder Rhaman pour l’infanterie et Cheick Hassan pour la cavalerie (délibération du Conseil supérieur du 8 juillet 1749).

§ 5.

Il arrive quelquefois que les hommes désireux de perpétuer leur nom construisent de grands monuments qui rappellent leur souvenir. Aujourd’hui encore certains notables de l’Inde font édifier à leurs frais des mosquées, des pagodes et des pagotins, pour que la postérité sache qu’ils ont vécu. Dupleix, si soucieux de sa gloire, ne