Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/109

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cette fois de renvoyer les cipayes non plus à Mangalor, mais à Mahé. Mais quand ces ordres arrivèrent, d’autres besoins étaient survenus ; il n’était pas prouvé que ces soldats ne pourraient pas aussi servir sur terre : Dupleix les garda pour la guerre contre les Anglais et non seulement il les garda, mais il en leva d’autres à Pondichéry. Dans un mémoire inédit sur l’Inde en 1767, Law de Lauriston, alors gouverneur de Pondichéry, nous explique que Dupleix avait deux ou trois chefs reconnus pour braves, qui avaient servi à la guerre de Mahé avec la Bourdonnais et qui étaient très attachés à la nation. Sur les ordres de Dupleix, ils prirent un certain nombre de cipayes qui d’abord n’étaient pas censés faire du service avec nos troupes ; ils n’étaient à l’origine ni habillés ni disciplinés, mais ils étaient bien armés et bien payés. Dupleix en forma des corps séparés, les divisa par compagnies, leur apprit nos exercices qu’il fit traduire en leur langue, leur donna un uniforme et les assujettit à une certaine discipline sous l’inspection d’un officier européen. Ces cipayes servirent d’abord très bien, avec zèle et ardeur ; leurs commandants étaient des gens connus à qui l’on pouvait se fier. Mais quand la guerre vint à s’étendre sur un diamètre de 15 à 30 lieues, il fallut augmenter leur nombre, et on dut faire venir du dehors des commandants qui n’avaient jamais servi les Européens. On leur fit des avances avec permission de lever tel nombre d’hommes qu’ils pourraient. Les bataillons, de deux à trois cents hommes qu’ils étaient au début, furent portés à cinq ou six cents et placés sous les ordres supérieurs d’un officier européen et l’inspection du commissaire des troupes. Le commandement et le contrôle furent dès lors moins efficaces. Un seul officier major européen ne pouvait suffire pour le détail de plusieurs milliers