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moins du malaise général, mais comme le disait Dupleix à propos des Impériaux de Banquibazar, « tant que les Européens font du commerce dans le Bengale, nous ne pensons pas que les Maures les attaquent directement ; ils ont des moyens plus sûrs pour leur faire payer les injustes contributions qu’ils exigent d’eux[1] ». Le seul fait un peu grave à signaler est la perte dans le Gange d’une partie de notre flottille qui se rendait à Patna, sous la conduite d’un nommé Hélivant.

Dirois mourut en septembre 1743, avant de savoir qu’il avait été révoqué ; il fut remplacé par son second, Burat, chef de la loge de Cassimbazar.

Burat était un ancien serviteur de la Compagnie. Il avait été chef du comptoir de Moka de 1727 à 1730 et il était chef de la loge de Cassimbazar depuis 1731. Soit fatigue, soit incapacité, soit plutôt extrême bonté et par suite extrême faiblesse, il ne fut pas à la hauteur de la mission qui lui était confiée. L’autorité indispensable à tout chef lui fit défaut : peu à peu tout le monde prit l’habitude de commander. Les conseillers eux-mêmes donnaient l’exemple de l’indiscipline ; invités par la Compagnie à faire des économies, ils s’y refusèrent absolument. Burat n’eut pas la force de leur imposer sa volonté. « L’esprit d’insubordination, de parti et d’intérêt particulier guide absolument la plupart des avis de votre Conseil, écrivait Dupleix le 2 octobre 1745… Nous ne concevons rien à une pareille conduite de la plupart d’entre vous. »

La vérité est que, profitant de la faiblesse de Burat, les

  1. C. P. Ch., t. 2, p. 288. Lettre du 4 juin 1743.