Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conseillers ne poursuivaient plus que leurs intérêts personnels. Les marchands avec qui l’on passait habituellement les contrats jouissaient d’une trop grande indépendance acquise par une longue collaboration ; le Conseil entreprit de les remplacer par des gens plus malléables et s’entendit, à la suite d’une délibération officielle, avec des marchands hollandais de Chinsura, qui n’avaient cependant aucun intérêt à voir nos affaires prospérer ; seulement, en agissant ainsi, les conseillers auraient toute liberté pour recevoir ou refuser à leur gré les marchandises. Il leur importait peu que la Compagnie s’en trouvât lésée.

Pour atteindre plus aisément ce but, la « clique », comme la qualifie Dupleix, entreprit de dégoûter notre courtier Indinaram de rester au service de la Compagnie. Ces messieurs avaient fait un commerce de riz fort considérable et, à titre de conseillers, ils voulaient se dispenser d’en payer le droit, appelé cohaly. Indinaram ne voulant pas se prêter à leurs désirs, ils formèrent le projet de l’expulser de la ferme et de la mettre en régie. Ils avaient compté sans Dupleix. Lorsqu’il eut connaissance de toutes ces manœuvres, il n’hésita pas à interdire du service les sieurs Gazon, Boutet et Allezon, qui étaient les plus turbulents.

Cette mesure énergique rétablit un peu la discipline, mais ne modifia guère les mauvais principes. Un quatrième conseiller, nommé Ladhoue, mourut en 1746, laissant 50.000 rs. de dettes envers la Compagnie. Le courtier indigène de Patna, Dipchom, ne devait pas moins et, fort de son crédit auprès du nabab, ne voulait rien payer.

Mais où l’anarchie fut portée au comble, ce fut lorsque cinq officiers, dont un capitaine nommé Macaffry et une