Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/124

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avoir brûlé et ravagé toutes les aldées depuis Fulta jusqu’à Ingely. Les Impériaux s’embarquèrent sur quatre navires, dont l’équipage était presque entièrement composé d’Européens et mirent à la voile pour le Pégou. Mal reçus au cap Négrailles, où ils touchèrent d’abord pour faire de l’eau et du bois, ils y laissèrent une quarantaine des leurs tant tués que réduits en esclavage. Arrivés au Pégou, Schonamille se mit à la tête d’une centaine d’hommes pour demander au roi la permission de s’établir dans le pays ; s’étant présenté chaussé et accompagné de tout son monde, il ne fut pas reçu. Furieux, il se mit à brûler les maisons et les récoltes avec une brutalité toute germanique, mais bientôt après il fut entouré par plusieurs milliers d’indigènes et massacré avec sa troupe. Sur cette nouvelle, Macaffry qui l’attendait au bas de la rivière, se rembarqua avec ses hommes et gagna Merguy. En route il rencontra le Charles, vaisseau français appartenant à des particuliers ; nos déserteurs s’en emparèrent et tuèrent le capitaine, Baudran de la Limonnais. Ils furent peu de temps après recueillis par un navire anglais qui les transporta à Malacca.

Ainsi s’acheva cette tragique équipée, terminant elle-même l’existence si imprécise et si mal définie de la Compagnie d’Ostende depuis 1714. Ce fut assurément une des aventures les plus tristes et l’une des moins honorables pour la civilisation. Le dénouement dut affecter profondément Dupleix. Malgré la qualité d’ennemis du roi qu’avaient les Impériaux, il ne pouvait pas ne pas se souvenir que, jadis, au Bengale, Schonamille avait été son ami et que plusieurs mois auparavant, son fils Corneille avait épousé Suzanne Ursule Vincens, fille de Madame Dupleix.