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La ville était infiniment moins importante en 1740 ; elle ne comptait que 4845 habitants et n’avait que 638 maisons en briques contre 240 paillottes. On y chargeait du nelly et différentes sortes de pagne pour Ceylan et pour Malacca, d’où l’on rapportait de l’araque, des chevaux, du cachou, du sucre, du beurre, des palmiers, du ganja, des cocos et quelques sortes de toiles. Les revenus annuels étaient d’environ 15.000 pagodes ; le roi de Tanjore était en principe possesseur de toutes les terres, qu’il affermait à ses sujets.

Le pays environnant, merveilleusement arrosé par une multitude de cours d’eau, dont le principal est l’Arselar qui limitait la ville au sud, produisait sans effort une grande quantité de riz, et c’est pourquoi Dumas en avait accepté l’acquisition, pour suppléer aux disettes assez fréquentes des environs de Pondichéry, où les terres sont moins naturellement irriguées.

La possession de Karikal, ne donna pas d’abord les résultats espérés[1] ; pendant de longues années il fallut se disputer avec le roi de Tanjore et même lui faire la guerre et durant ce temps il n’y eut aucun commerce. Au mois de janvier 1742, on se querellait avec lui au sujet d’une somme de 500 pagodes qu’il prétendait lui

  1. À la suite de l’occupation, l’ingénieur Cossigny avait fait sauter une partie de la forteresse de Cargangéry, située à 900 toises de la ville et 1.000 de la mer, et jugée indéfendable ; avant de commencer un autre fort, on attendait l’arrivée de Dupleix à Pondichéry. La Compagnie, beaucoup moins convaincue que Dumas des avantages du comptoir, avait expressément recommandé de ne faire que les installations dont on ne pourrait absolument pas se passer.

    L’aumônerie avait été confiée aux Jésuites de préférence aux Capucins qui manquaient de personnel. Les premiers étaient d’ailleurs mieux qualifiés que leurs rivaux, comme appartenant à la mission du Maduré dont dépendait le Tanjore : on leur donna une indemnité de 1.200 livres par an.