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être due. Le conseiller Février, directeur de Karikal, avait beau montrer les reçus ; on lui répondait que n’ayant pas le cachet du roi, ils n’étaient pas signés des personnes compétentes. La somme étant assez modique, Février était d’avis de céder ; sans s’y opposer absolument, Dupleix recommanda de traîner les choses en longueur et, en attendant, de refuser. Par représailles, les gens du roi empêchèrent en mars la coupe du nelly dans nos aldées de nantissement, et chassèrent nos écrivains, chargés de surveiller les récoltes, avec menace de les tuer, s’ils résistaient.

C’était une guerre en perspective. Un délégué du roi, Annapachetty, nous proposa un accommodement onéreux que Dupleix écarta. Février, qui n’avait que 139 blancs et 74 topas[1] pour défendre 36 aldées asses éloignées les unes des autres, était inquiet sur l’issue des événements ; Dupleix lui envoya en avril un petit détachement.

Le mois suivant, le visiador de la ville, chargé de la police, se sauva dans l’espérance de nous intimider et invita les notables à le suivre. Février, averti à temps, en fit arrêter quatorze, par qui il fit rembourser toutes les dépenses supplémentaires auxquelles cet incident l’avait obligé. Le visiador revint peu de temps après, couvert par une amnistie.

En juin, le roi ne réclamait plus les 500 pagodes, mais une avance de quatre années de tribut, en sus du présent annuel de 2.000 pagodes que nous nous étions engagé à lui verser comme l’une des conditions de notre occupation. En retour il offrait de nous affermer les terres de Tirnoular et celles de Pologdam et d’échanger trois aldées assez éloignées contre quatre autres à proximité de Karikal.

  1. La proximité de Pondichéry, facilitant l’envoi de secours immédiats, avait permis de réduire très sensiblement la garnison.