Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/142

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Février eut volontiers accepté ces propositions, dont les avantages étaient évidents, mais Dupleix ne voulut à aucun prix entendre parler de payer quatre années de tribut. Le roi, qui avait besoin de cette avance pour écarter une invasion possible des Marates, envoya néanmoins le 12 août son ministre Ayengar à Karikal reprendre la négociation ; Février, obéissant aux instructions de Pondichéry, commença par refuser d’écouter ses propositions et Ayengar repartit le même jour très mécontent. Mais dans la nuit des marchands de Tanjore, venus pour prendre éventuellement la ferme des aldées, allèrent représenter à Février combien la Compagnie avait tort d’être aussi intransigeante ; ils lui firent observer que s’il plaisait à Ayengar de couper les eaux de la ville, ce serait sa ruine, et, dernier argument, ils offrirent d’avancer eux-mêmes les quatre années du tribut. Sans doute jugeaient-ils que l’affermage des terres les indemniserait de leurs débours. Février, qui n’avait épousé qu’à contre-cœur les idées de Dupleix, se laissa aisément convaincre et le 15 août, dans la matinée, notre courtier Pregachem vint informer Ayengar que l’on agirait suivant le désir du roi. Dans une lettre du 18 août, adressée à Dupleix, Février se flattait d’avoir heureusement terminé cette affaire.

Mais brusquement tout fut remis en question. Dans les derniers jours du mois, Ayengar fut arrêté à Tanjore et jeté en prison. Dans le même temps, il survint une grande sécheresse qui eut rendu l’affermage des aldées très onéreux. Février, très satisfait d’avoir conclu l’accord, se félicita davantage encore que l’opération n’eut pas été réalisée.

Cette satisfaction fut de courte durée ; au commencement d’octobre, il apprit que le roi faisait de grands armements contre la ville hollandaise de Negapatam et il