Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/144

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Cependant le roi de Tanjore n’avait pas perdu de vue la demande d’une avance de quatre années de tribut. Les pourparlers un instant suspendus par la disgrâce — d’ailleurs momentanée — d’Ayengar furent continués par Annapachetty en décembre et janvier. À la fin Dupleix se laissa également convaincre et dans la première quinzaine du mois suivant, il fit savoir à Février que dès l’arrivée des vaisseaux de France, on paierait au roi 6.000 pagodes. Il en fut ainsi fait : Février les reçut de Pondichéry le 5 août 1743 et les remit dix jours après au représentant du roi. Celui-ci nous avait de son côté remis dès le 20 juin le sanad d’échange des 3 aldées de Condigué, Kenoucoutalom et Mattacoudy contre celles de Poudoutoré, Covilpatou, Vadamaracadou, Kilacachacoudy et Taleterou dont nous primes aussitôt possession.

Avec l’incertitude du lendemain qui était le propre des affaires de l’Inde, on comprendra que malgré les avantages qui lui avaient été offerts, Dupleix ait hésité à consentir à l’opération. Qui lui garantissait que ses avances ne seraient pas perdues ? Depuis 1736, où le royaume de Trichinopoly avait succombé sous les coups de Chanda-Sahib, l’existence de celui de Tanjore était devenue précaire. Chanda-Sahib l’avait envahi dès 1738, sous prétexte de lui demander le tribut que tous les princes de l’Inde payaient au Mogol ou à ses mandataires, et c’est même à cette invasion que nous avions dû la confirmation de la possession de Karikal. Il avait lui-même disparu en 1741 sous les coups des Marates, qui lui avaient pris Trichinopoly et l’avaient emmené prisonnier en leur pays. Maintenant, c’était un de leurs chefs, Morari Corpadé, qui menaçait le Tanjore pour son compte personnel et c’était aussi Nizam qui réclamait le tribut au nom du Mogol.