Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alternative peu séduisante ! Dans cette occurrence, on vit se reproduire à Tanjore ce qui s’était passé dans le Carnatic après la mort de Dost Ali ; les familles des ministres et de hauts personnages, même alliés à Nizam, envoyèrent demander à Negapatam et à Karikal si l’on ne consentirait pas à les recevoir. L’ancien roi de Tanjore, Sahaji, retiré à Trichinopoly, demanda aussi à Février l’hospitalité à Karikal pour lui et les siens, avec l’arrière-pensée de nous demander ensuite notre concours pour remonter sur le trône paternel. Mossel, Dupleix et Février furent moins gracieux que ne l’avait été Dumas ; ils firent la sourde oreille à ces demandes peu opportunes et durant leur silence, le temps travailla pour eux. Nizam reprit Trichinopoly aux Marates le 25 août 1743, mais il ne fit point la guerre au Tanjore qui au mois d’octobre suivant consentit à lui payer 45 lakhs de roupies, dont 10 comptant.

Où trouver ces 45 lakhs ? Les réserves royales en fourniront une partie : les sujets donnèrent le reste, sous forme de contribution plus ou moins volontaire. Le roi, pour avoir de l’argent, envoya piller de tous côtés et Annapachetty lui suggéra, en ce qui nous concernait, de s’emparer du produit[1] des aldées qui nous avaient été données en nantissement. Il fallut, pour empêcher cette spoliation, que Dupleix fit intervenir Nizam lui-même par l’entremise de son ministre Iman Sahib, notre ami.

La sécurité se trouva ainsi rétablie dans le Tanjore. Les Hollandais avaient fait la paix le 1er juillet, mais

  1. D’après le paravana des aldées de nantissement, nous n’avions pas droit aux récoltes elles-mêmes qui revenaient au roi, mais seulement au produit de leur vente, après défalcation de diverses charges. Le produit net qui nous était alors remis venait en déduction de la dette contractée par le roi à notre égard et dont les aldées constituaient le gage.