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Dupleix, informé de cet incident, prit aussitôt des dispositions pour renforcer Février. Dans la nuit du 7 au 8 avril, il fit partir le Fidèle, la Rose et le bot l’Expédition avec des hommes, de la poudre, des balles, du riz et des provisions ; puis il écrivit à Mahé, où se trouvaient le Fleury et le Pondichéry, pour inviter les commandants de ces navires à toucher à Karikal à leur retour et y déposer des soldats et des munitions. Les renforts ainsi assurés par Dupleix en avril et en mai se montèrent à 360 hommes, sans compter les cipayes et 80 topas.

Le premier détachement commandé par Paradis arriva le 17 avril. Dès le lendemain, il prit l’offensive par une attaque imprévue, qui fit perdre aux Tanjoriens 500 hommes, tandis que nous comptions seulement trois morts. D’autres attaques qui eurent lieu en mai coûtèrent aux ennemis une cinquantaine d’hommes et ce qui restait de la forteresse de Karcangery : la place se trouva ainsi dégagée. À la suite de ces exploits où Paradis se distingua par sa résolution et son audace, ce ne fut qu’une voix dans tout le Tanjore pour dire que depuis qu’il y avait des Européens dans le pays, jamais les Tanjoriens n’avaient été si bien battus.

Cependant l’ennemi n’avait pas renoncé à la lutte ; il avait assemblé 5.000 chevaux et 1.500 fantassins, avec l’intention bien arrêtée de prendre Karikal. Il nous attaqua le 29 mai. Afin que les chevaux ne craignissent pas le feu, on avait pris le soin de leur bander les yeux. L’affaire fut chaude : nous commençâmes par faire plier l’infanterie, mais la cavalerie nous prit de flanc et mit le désordre dans nos rangs. Nous eûmes cinq tués, dont les têtes furent envoyées à Tanjore comme trophées de guerre.

Les jours suivants, l’ennemi, renonçant à une attaque directe, jugea plus utile de nous fatiguer en nous tenant