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sans cesse en éveil par des escarmouches. La partie devenait sérieuse et peut-être se fut-elle terminée par un désastre, si le 7 juin, dans l’après-midi l’armée de Govindachetty n’avait été subitement rappelée à Tanjore par une attaque des Maures. Ce fut notre salut, d’autant que le 11 juin un accident grave créa un nouveau danger. Une explosion provoquée par l’imprudence de quelques canonniers occupés à faire des fusées à bombe, mit le feu à la poudrière qui sauta, en engloutissant Février et sept à huit blancs et en détruisant 19 à 20 milliers de poudre.

Lorsque ces événements furent connus à Paris l’année suivante, ils y produisirent une pénible impression ; ce fut le triomphe de ceux qui n’avaient cessé de protester contre « la manie des agrandissements » et c’étaient presque tous les directeurs. Nul ne proposa pourtant de renoncer à cette acquisition. Quant à Dumas, il eut le courage assez rare de reconnaître qu’ayant maintenant part à tous les secrets de la Compagnie, il pensait bien différemment de ce qu’il faisait dans l’Inde et il écrivit à Dupleix le 11 mars 1746 « qu’il se repentait très fort d’avoir formé cet établissement[1] ». Après cette déclaration d’un homme qui avait organisé l’expédition de Moka et rêvé d’acquérir Colèche et Ganjam, on s’étonnera moins que dix ans plus tard la Compagnie tout entière n’ait pas approuvé les conquêtes de Dupleix : sa politique exclusivement commerciale ne s’inspirait pas de principes influencés par les circonstances.

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Cependant le Conseil Supérieur avait fait choix de Paradis pour remplacer Février. Le nouveau chef se

  1. B. N., f. fr. 9147, p. 222-226.