Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne pouvait plus galamment ajourner sine die les négociations.

Le successeur de Signard fut son second, Duval de Leyrit, dont le frère Duval d’Espréménil était déjà conseiller au Conseil supérieur de Pondichéry. C’était un caractère conciliant et mesuré et il entretint d’abord de bonnes relations avec la régente, au point de lui prêter de la poudre et des balles contre un de ses sujets révoltée. Dupleix n’eut aucune part à cet événement, d’ailleurs des plus insignifiants ; il est intéressant néanmoins de noter au passage comment il l’apprécia. S’il avait eu dès ce moment l’idée ou du moins l’intuition de la politique qu’il pratiqua huit ans plus tard, il est vraisemblable qu’il eut approuvé l’initiative de Leyrit : ce fut le contraire qui arriva. Il écrivit à Leyrit qu’il eut été plus convenable d’éluder la demande de la régente, dans la crainte de s’attirer avec les princes du pays de nouvelles affaires dont la Compagnie n’avait pas besoin[1].

Malgré la guerre avec l’Angleterre qui suivit de deux ans sa prise de possession de la direction de Mahé, Leyrit administra nos affaires au milieu d’un calme relatif. Dès la fin de 1744, il s’était entendu avec son collègue Geckie, gouverneur de Tellichéry, pour observer la neutralité à la côte Malabar, quoi qu’il dut arriver en d’autres parties de l’Inde. Aussi lorsque l’année suivante, les gens du pays disposés à faire la guerre aux Anglais, nous demandèrent de nous joindre à eux, ce ne fut l’avis ni de Leyrit ni de Dupleix. La guerre éclata néanmoins, mais elle fut de peu d’importance et de courte durée. Le conseil de Bombay la désapprouvait et, pour faciliter la paix, il fit remise à Cheriquel de 40.000 rs. qu’il devait à la Compagnie d’Angleterre (février 1746).

  1. A. P., t. 7. Lettre à la Compagnie du 18 octobre 1744.