Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/158

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désormais être vendu qu’à la Compagnie de France et Bayanor s’engageait à confisquer tous les poivres et embarcations qui en porteraient hors de son pays. On échangea des présents et la Bourdonnais s’embarqua dès le lendemain pour l’Île de France où il arriva le 9 février.

Cette paix avait coûté à la Compagnie 125.000 fanons, autrement dit nous l’avions achetée plutôt qu’imposée. Il avait été entendu par le traité qu’on délimiterait le territoire contigu aux deux montagnes dont la possession définitive venait de nous être reconnue ; la régente qui gouvernait au nom de son fils âgé de dix ans ne voulut point se prêter à cette opération et son refus faillit rallumer la guerre, qui resta comme une menace sur notre petit établissement jusqu’au mois de septembre. Fort heureusement, Dirois avait été remplacé au printemps comme directeur de Mahé par le conseiller Signard[1]. Celui-ci était loin d’être aussi passionné que son prédécesseur ; il lui suffit d’être en possession des deux montagnes et de pouvoir les fortifier et il attribua moins d’importance aux quelques champs qui pouvaient les environner du côté de l’ouest et du sud ; il ne fatigua point la régente par ses réclamations ; d’ailleurs il mourut lui-même dans la nuit du 23 au 24 octobre suivant.

La question cependant ne fut pas perdue de vue et fut à plusieurs reprises soulevée avec plus ou moins d’insistance. On pensa notamment en 1746 que la présence de l’escadre de la Bourdonnais à la côte Coromandel pourrait faire quelque impression sur la régente, mais elle expliqua sans s’émouvoir que l’affaire pouvait parfaitement attendre que son fils eut atteint l’âge de trente ans. On

  1. Nommé dès le 2 novembre 1741.