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La situation devint encore plus trouble après la prise de Madras. Craignant plus que jamais qu’on ne vint les attaquer, les habitants de Tellichéry émigrèrent en masse et il ne resta plus guère dans la ville que les troupes anglaises. En novembre, Dudley parut disposé à ouvrir réellement les hostilités : il fit passer 600 hommes au sud de Moilan, comme s’il voulait venir nous attaquer et toute correspondance fut suspendue entre les deux établissements. Il n’y eut cependant aucune opération militaire effective tant sur terre que sur mer, sinon que sur mer les Anglais arrêtèrent un navire chargé de blé que Leverrier envoyait de Surate et qu’ils présumaient nous être destiné.

Leyrit n’était plus à ce moment directeur de Mahé : il avait été désigné en octobre pour aller remplacer Burat au Bengale. Toutefois, faute de navires, il ne put partir qu’au mois d’avril suivant ( 1747) et il continua jusqu’à cette date d’exercer ses fonctions. Avant son départ, il reçut la visite de l’escadre de Dordelin partie de Pondichéry en janvier. Le roi de Travancore prévenu que cette escadre s’arrêterait à Colèche avait répondu par une nouvelle démonstration de son attachement à la France. Dordelin ne fit malheureusement que passer comme s’il avait les Anglais à ses trousses et Dupleix regretta pour notre prestige cette timidité mal placée.

À Mahé, Dordelin reçut la visite d’Ali Rajah, sultan de Cannanore. Ce souverain maure venait nous proposer une entente contre les Anglais. Comme il ne nous parut pas possible d’entrer dans ses vues, il alla faire les mêmes propositions au roi de Cotiatte, qui se déclara prêt à faire la guerre si nous y participions nous-mêmes. « C’eut été pour nous, écrivit Dupleix à la Compagnie le 30 novembre 1747, une circonstance bien favorable, si nous eussions