Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Auparavant ils ne nous traitaient pas mieux que leurs ennemis de prédilection, les Anglais. Lorsqu’ils pouvaient s’emparer d’un de nos navires, ils ne laissaient pas perdre l’occasion. En 1742, ils nous avaient pris le Jupiter, un de nos meilleurs vaisseaux d’Europe, que la Bourdonnais avait envoyé à Goa pour aller chercher des vivres et des provisions[1]. L’année suivante, le 27 mars, ce fut le Neptune, qui tomba entre leurs mains à la hauteur de Calicut, avec le sous-marchand de Brain, de Pondichéry. La libération de ce dernier coûta 5.000 roupies à la famille.

À la suite de ce double malheur, le Conseil supérieur décida d’armer en guerre le vaisseau le Fleury, afin de protéger les navires français à la côte Malabar. Bien lui en prit ; car le Diligent, armé pour Bassora, était à peine arrivé à Mahé le 10 janvier 1744 que le lendemain plusieurs embarcations des Angrias parurent en vue des côtes. Elles y restèrent jusqu’au retour du Fleury, qui était allé à Goa ; alors elles se dispersèrent et le Diligent, escorté par le Fleury jusqu’aux Laquedives, put continuer sa route.

Les Angrias ne nous inquiétèrent plus les années suivantes ; dès l’ouverture de la guerre entre la France et l’Angleterre, leurs sympathies s’étaient manifestées pour les Français et ce furent au contraire à nos ennemis qu’ils s’en prirent, avec leur activité toujours en éveil. Sur la fin de 1746, alors que les Anglais craignaient tant que nous ne vinssions les attaquer à Tellichéry, ils transportèrent une partie de leurs fonds à Mangalore, dans la loge portugaise. Les Angrias ne l’eurent pas plutôt appris qu’ils vinrent les y chercher avec une soixantaine d’embar

  1. Antérieurement, en 1736, ils en avaient pris trois aux Anglais.