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Malgré les dangers que lui créèrent les Anglais, notamment au moment du siège de Pondichéry, les dispositions de Dupleix à l’égard des Angrias ne se modifièrent pas ; par une lettre du 10 Janvier 1749, il écrivait à leur sujet à la Compagnie : « Il serait bien à souhaiter que les Angrias qui deviennent de jour en jour plus puissants et plus entreprenants fussent entièrement détruits. » Il est vrai qu’à ce moment la paix était signée en Europe et que nous n’avions plus ni le droit ni le pouvoir de conclure avec eux une entente même occulte : chaque parti avait repris son jeu d’avant-guerre sur l’échiquier indien.


Nous en aurons fini avec les événements essentiels de la côte malabar en indiquant simplement qu’en 1744 un navire danois se perdit corps et biens aux îles Maldives, que presque tout l’équipage périt et que 23 hommes seulement furent retrouvés et ramenés à Mahé. La même année, les Hollandais abandonnèrent leurs petits comptoirs et ne laissèrent à Cannanore qu’un chef avec deux commis[1].

Notre établissement lui-même continuait d’être l’objet des sollicitudes de la Compagnie, qui trouvait pourtant qu’on y était trop souvent en guerre et que les transactions commerciales répondaient rarement aux espérances qu’elle en avait conçues. Alors que le pays devait fournir annuellement de 15 à 1600 candils de poivre, on n’en tirait généralement que 5 à 600 : les frais d’administration absorbaient d’ordinaire les bénéfices des affaires. Cependant nul ne songeait à l’évacuer. Mahé est l’un des endroits les plus charmants du monde ; la population y

  1. Dans le même temps, ils rappelèrent du Bengale une quarantaine d’employés et pour relever leurs affaires languissantes, ils permirent à leurs agents de se livrer au commerce particulier.