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de mutations de personnel dans le comptoir qu’on recula devant cette mesure radicale.

Un autre eut-il mieux réussi ? il est permis d’en douter. Le commerce de la côte et de l’intérieur était souvent paralysé par ceux qui auraient dû le favoriser. Lorsqu’un faussedar nouveau était nommé, il lui fallait récupérer les fonds qu’il avait déboursés pour obtenir la fonction et c’était toujours aux commerçants qu’il s’adressait de préférence ; aussi ceux-ci n’avaient-ils qu’un maigre souci de développer ostensiblement leurs affaires. Leur prospérité, c’était l’arbre qui attire la tempête. Parfois même les faussedars jugeaient au dessous de leur mérite de venir à Mazulipatam qu’ils considéraient comme un poste inférieur ; tel un ancien ministre de Catec, nommé Moussoud Kouli Kh., en 1746. Quand ils l’acceptaient, c’était avec l’arrière-pensée d’obtenir bientôt un poste plus lucratif. Cette instabilité permanente était déjà pendant la paix un grand obstacle au développement de notre commerce. La guerre fit le reste ; pendant des mois entiers les croisières anglaises tinrent la côte et toutes les relations furent interrompues avec Pondichéry.

Boyelleau, malade, demanda en 1747 à revenir à Pondichéry ; il fut remplacé par Lenoir.

La situation politique et commerciale de Yanaon était sensiblement la même ; peut-être même était-elle pire. Il y avait à peu près chaque année un nouveau faussedar à Rajamandry et presque tous nous cherchaient les plus mauvaises querelles. Choisy avait beau leur faire des dons de joyeux avènement qui nous coûtaient assez cher ; les cadeaux reçus, adieu toute bonne grâce. Les persécutions commençaient. Un nommé Amatou Kouli Kh., nommé en 1745, mit littéralement en fuite tous nos commerçants, et Choisy se trouva ainsi dans l’impossi-