Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/174

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dans leurs habitudes fut l’interruption du commerce avec l’étranger. Mais il restait aux négociants locaux la faculté de continuer leurs opérations avec le reste du pays et, quand la paix n’y était pas troublée par quelque guerre entre princes indiens, ces opérations se déroulaient en toute sécurité. Malheureusement Chandernagor et Karikal furent dès 1742 les victimes d’événements dont ces villes étaient plus ou moins directement l’objet et, tout compte fait, la période de 1742 à 1749 ne fut pour nos différents comptoirs de l’Inde ni florissante ni heureuse. Ils purent éviter la guerre elle-même, mais ils en ressentirent tous les contre-coups et tous les inconvénients.

Dans un mémoire qu’il adressa à la Compagnie le 16 octobre 1753, Dupleix jetant un regard rétrospectif sur la valeur de ces établissements au moment de la paix d’Aix-la-Chapelle, estimait qu’ils coûtaient très cher à la Compagnie, sans lui procurer des avantages suffisants pour compenser les pertes.

« La nouvelle Compagnie, disait-il, a fait des efforts considérables et quoiqu’elle ait trouvé la plupart des comptoirs formés par l’ancienne, elle les a augmentés jusqu’en 1751 de quatre qui furent Mahé, Yanaon, Karikal et Patna, mais plus le nombre des comptoirs augmente et plus la dépense augmente de même.

Il est facile de voir sur les livres les sommes immenses que celui de Mahé lui a coûté. Une seule guerre entreprise aussi légèrement que mal terminée lui a couté plus d’un million de roupies. Les conditions d’une paix faite en 1742 ne sont pas pas encore terminées et il faudra une nouvelle dépense pour y obliger le prince avec qui on a traité. L’emplacement de l’établissement a été si mal choisi que pour le mettre à l’abri de l’insulte on a été forcé de fortifier différentes montagnes qui le commandent. Ces fortifications, leur garnison, leur entretien, les pensions des princes voisins entraînent annuellement de si