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grandes dépenses que l’on peut dire que la nation n’a rien de plus cher dans l’Inde que le poivre qu’elle en retire. Il faut cependant avoir un établissement d’où l’on puisse tirer quand et autant qu’on le veut une épicerie dont l’Europe ne peut se passer… mais il n’en est pas moins vrai que les dépenses emportent tout le bénéfice que la Compagnie fait sur cette denrée. Ainsi un des articles de son commerce qui lui coûte tant et qui lui est nécessaire ne lui produit rien. Je crois même qu’elle n’y a eu jusqu’à présent que de la perte. D’ailleurs ce comptoir si à charge n’a aucun revenu qui puisse couvrir la plus modique dépense.

Karikal, que l’on avait présenté d’abord comme un objet de la dernière importance, a été bientôt réduit au vrai, lorsque les illusions que l’on présentait ont été dévoilées. Nos livres nous font connaître que cet établissement a coûté jusqu’en 1750 1 million 19.000 roupies, sans y comprendre l’artillerie, munitions, etc., somme exorbitante qui a tombé en pure perte pour la Compagnie. Ce comptoir n’ayant procuré aucun objet de commerce, les revenus modiques qu’on y avait joints et qui ont produit jusqu’à la même année 286.769 rs. est la seule indemnité que la Compagnie en eut jamais tirée, s’il était toujours resté sur le même pied. Il est clair que ce comptoir est à charge et diminue considérablement le bénéfice des ventes.

Celui d’Yanaon, qui d’abord était des plus simples et peu à charge, en même temps qu’il pouvait fournir des marchandises à bas prix et en quantité, si on avait été en état de les tirer, est devenu comme les autres un objet de dépense assez considérable, aussitôt qu’il est venu dans l’esprit des chefs d’en faire un comptoir considérable par nombre de bâtiments et autres dépenses, la plupart superflues qui ont fait perdre presque tous les avantages de ce comptoir… Les livres nous présentent qu’il a coûté, depuis 1735 jusqu’en 1750, 400.000 rs.

Le comptoir de Patna a un autre objet plus important que celui d’en tirer des marchandises propres pour l’Europe. C’est celui d’y déboucher les lainages provenant des manufactures