Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/186

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fréquentés. Aussi la question se posait-elle de savoir si l’on devait entretenir à Canton des agents qui y resteraient en permanence pour achever la vente de nos marchandises et préparer les achats de l’année suivante, ou bien courir le risque de faire toutes nos opérations durant l’escale des navires, sans laisser personne pour les continuer. Dans le premier cas, la Compagnie avait observé qu’à la longue il s’établissait une sorte de collusion entre ses agents et les négociants chinois et que ses intérêts étaient souvent sacrifiés ; dans le second cas, on avait la chance de passer des marchés plus honnêtes, mais on pouvait aussi, par ignorance, se tromper plus lourdement sur la qualité ou le prix des marchandises. Godeheu, au retour de sa mission en Chine et dans l’Inde en 1736 et 1737, s’était très nettement prononcé contre la permanence de nos agents ; toutefois, pour maintenir un esprit de suite dans nos affaires, il avait demandé qu’il y eut toujours des anciens officiers ou employés parmi eux qui feraient le voyage de Chine. Ces conclusions avaient paru sages et dès 1738, la Compagnie décida qu’elle n’aurait plus de résidents en Chine.

Duvelaër de la Barre, frère de l’un des directeurs de la Compagnie, venait précisément de s’embarquer en cette qualité. Lorsqu’arrivé en Chine il vit les bénéfices considérables que l’on pouvait réaliser dans le commerce de l’or, il ne fut nullement soucieux de déférer aux désirs puis aux ordres de la Compagnie et pour motif de santé il prolongea son séjour. Puis ce fut le prétexte des menaces de guerre : les routes n’allaient plus être ni libres ni sûres, enfin ce fut la guerre elle-même. Et de prétexte en prétexte, Duvelaër finit par rester dix ans à Canton. La Compagnie ne pouvant le réduire à l’obéissance, pensa l’obliger à la retraite en supprimant ses