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quelques fonds en leur faveur. Il est à présumer qu’en dehors de Castanier, Dupleix et les employés et négociants de l’Inde remirent à la Compagnie des sommes assez importantes ; mais nous ignorons si les retours de 1743, correspondant à l’envoi du Lys, de l’Hercule et du St-Géran, produisirent des ventes aussi fortes que celles de 1742, qui avaient été de 21.953.028 livres pour 13.664.652 livres d’achats, soit un bénéfice de 8.228.376 livres[1].

Nous savons seulement que ces ventes, dirigées par Dumas et Cavalier, venus exprès de Paris, s’effectuèrent

  1. On estimait communément qu’une vente rapportait 100 % du capital engagé ; autrement dit pour pouvoir faire une vente de 20 à 21 millions, il fallait envoyer dans l’Inde 10 millions de livres environ. Sur ces 20 millions, la France en prenait à peu près le tiers, le reste, soit 13 à 14 millions, allait à l’étranger. Naturellement, ces 14 millions ne constituaient pas un bénéfice net ; il fallait en déduire les 10 millions envoyés aux Indes, de sorte que l’argent qui entrait dans le royaume se réduisait en réalité à quatre millions. Si le commerce des Indes n’avait pas existé, non seulement ces quatre millions ne seraient pas entrés en France, mais la France eut été obligée d’acheter pour son compte sept à huit millions à l’étranger ; d’où une différence de onze à douze millions tous les ans pour le royaume (A. C. C2 31, p. 115).

    Ces chiffres sont théoriques. Si maintenant on s’en rapporte à un bilan de la Compagnie établi en 1743 et rappelant toutes les opérations effectuées depuis 1725, dans l’Inde, la Chine et les Îles, on y verra que les ventes à Lorient ne laissaient sur les prix d’achat qu’un bénéfice annuel moyen de sept millions environ. Les achats furent en effet pendant cette période de 136.104.522 liv., et le produit des ventes atteignit 263.043.264 liv., soit un bénéfice total apparent de 126.938.742 liv. en 18 ans. Mais il s’en fallait que ce bénéfice fut définitif. La Compagnie eut a acquitter pour ses comptoirs et ses constructions des dépenses qui s’élevèrent à 53 millions ; elle eut à réparer des pertes de navires ou de marchandises, faire face à des guerres prolongées comme celle de Mahé, accorder des ports-permis à ses officiers et exécuter d’autres dépenses, variables suivant les circonstances, qui réduisirent ce bénéfice à 21.761.877 millions, soit environ 1.200.000 fr. par an. Ce bénéfice n’était pas distribué aux actionnaires, qui touchaient leur dividende fixe de 150 liv. par action sur une contribution de 8 millions de la ferme des tabacs et de 300.000 liv. des aides