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parti (30 décembre 1744) de suspendre pendant un an le paiement du dividende à compter du 1er janvier 1745 et c’est avec ce dividende réservé qu’elle fit les premiers fonds de ses armements ou de ses envois.

Il semble étonnant qu’une compagnie dont l’actif dépassait 161 millions, non compris la valeur de ses établissements, et qui avait l’habitude depuis plusieurs années d’emprunter pour son commerce tant en France qu’aux Indes de 15 à 20 millions, ait été arrêtée, faute de garanties immédiates, par des scrupules qui nous semblent aujourd’hui hors de saison, mais telle était alors la faiblesse du crédit que nul n’osait escompter l’avenir. Cependant, dit un mémoire anonyme de décembre 1744, on pouvait avancer avec vérité que jamais la position de la Compagnie n’avait été plus brillante ni plus avantageuse. Tous ses établissements étaient formés, et fournis de tout en ce qui leur était nécessaire pour leur défense et leur soutien. Elle avait un grand nombre de vaisseaux et ses magasins étaient remplis de marchandises. Enfin toute la machine était montée et elle l’était bien (A. C., C2 31, p. 102).

Les secours fournis par le roi ne parvinrent pas à ramener la confiance et l’alarme continua de se répandre dans tout le royaume et même à l’étranger. Sans vouloir examiner si le retard des navires était plus anormal qu’il ne convenait, les actionnaires s’en prirent tout de suite au ministre et à l’administration en France et dans l’Inde qui, disaient-ils, gaspillait leurs fonds. Orry, pour se disculper, dut leur prouver que dès 1743 il avait invité Dupleix à réduire les dépenses : il l’avertit de nouveau (lettre du 29 janvier 1745), que si elles ne cessaient pas, c’était à lui et non plus aux directeurs que l’on s’en prendrait. La lettre d’Orry se terminait par ces mots :