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« Je vous marque ce détail pour vous faire sentir que c’est sur vous seul à l’avenir que retombera le blâme général, si vous n’avez pas exécuté ponctuellement les ordres qui vous ont été donnés et si vous laissez subsister dans les comptoirs le goût de la dépense et du luxe que les actionnaires reprochent aujourd’hui à l’administration, comme si elle l’avait autorisé ». (B. N. 9150, p. 94).

Dumas n’était guère moins visé par ces critiques et Godeheu, qui ne l’aimait pas, n’hésita pas à le mettre en cause :

« Cette affaire, écrivait-il à Dupleix le 28 février, a fait jeter les yeux sur Dumas, et l’on s’est aperçu pour la première fois qu’il est trop riche pour un homme qui n’a pas eu beaucoup de bonheur dans le commerce… Il viendra un temps sans doute où l’on ouvrira les yeux et on reconnaîtra les bons services que vous avez rendus ; si on les exaltait à présent, le triomphe de l’autre serait obscurci ; on veut l’en laisser s’enivrer. Je sais bien que vous ne faites pas de miracle ; cela n’est point du ressort de l’humanité, mais je sais que vous avez été utile et que vous êtes encore, sans vous flatter, très nécessaire à la Compagnie et si on fait semblant de ne pas le voir, c’est par la raison que je viens de dire » (B. N., 9148, p. 216-223).

Cavalier, entrant dans les mêmes vues, disait de son côté que tel était le résultat de l’armement de Moka et de celui de La Bourdonnais, des dépenses énormes faites aux Indes depuis le départ de Lenoir, du désordre dans la valeur des monnaies, des dépenses « horribles » faites aux îles, du commerce ruineux de la Côte d’Afrique, du Sénégal et des îles d’Amérique, enfin de la guerre de Mahé (B. N., 9147, p. 101-102).

Mais Dumas était sur place pour se défendre. Il eut pu, selon un certain usage, charger son successeur ; il se plut au contraire à reconnaître publiquement sa probité, son