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eu au moins 6 millions de revenus de plus que ceux que le roi lui garantissait. C’était en somme le roi qui faisait la meilleure affaire ; mais quel pouvoir avait la Compagnie pour s’opposer à ses projets ? Avait-elle fait des difficultés pour céder son bail aux fermiers généraux ? Pouvait-elle maintenant s’insurger ? N’était-elle pas en réalité sous la tutelle de l’État ?

Cependant les navires construits ou armés en 1746 n’étaient pas partis à l’époque primitivement fixée, c’est-à-dire au mois d’octobre. Une attaque des Anglais sur les côtes de Bretagne en fut la cause. Ce mois-là, ils essayèrent d’investir Lorient par terre et par mer et, sans leur timidité et leurs hésitations, ils eussent pris la ville ; quelques Jours après, ils firent un débarquement à Quiberon. Les soucis de la défense du littoral absorbèrent l’attention de la Compagnie et du roi, puis il fallut se préoccuper de refaire les armements qui pendant ce temps avaient été plus ou moins sacrifiés. C’est alors que le roi adopta l’idée précédemment suggérée par Fournier et mit trois navires de guerre à la disposition de la Compagnie.

Celle-ci se préparait elle-même à faire partir plusieurs navires. Faisant le compte de tous ceux dont Dupleix et David devraient alors disposer, elle n’en voyait pas moins de 32 qu’ils pourraient opposer aux Anglais. La nouvelle, autant que le mot peut s’appliquer à de simples calculs ou espérances, fut portée spécialement dans l’Inde par le Triton et la Cybèle, qui mirent à la voile l’un en janvier et l’autre en février 1747[1].

Montaran qui, à la disgrâce de Fulvy, avait été nommé commissaire adjoint du roi auprès de la Compagnie, fut

  1. Mémoire secret, envoyé à MM. Dupleix et David, A. C. C2 32, p. 34-40.