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en une seule année, c’étaient de grands sacrifices. Établissant à la fin de la guerre les dépenses supplémentaires qu’elle avait dû faire à cause des hostilités, elle ne les estimait pas à moins de 10.918.126 livres[1]. (A. C, C{{e|2} 34, p. 194-204). On lui a pourtant reproché de n’avoir rien compris à ses intérêts ou de les avoir sacrifiés avec une souveraine indifférence. C’est assez l’habitude de raisonner de cette façon lorsqu’il est question du xviiie siècle ; on reconnaîtra cependant que depuis le début de la guerre la Compagnie ne négligea rien pour maintenir son commerce et ni ses directeurs ni les commissaires du roi ne furent inférieurs à leur mission. Le roi lui-même se prêta de bonne grâce à toutes les combinaisons financières qui lui furent proposées et si d’abord il ne mit point ses vaisseaux à la disposition de la Compagnie, c’est qu’il crut au maintien de la paix dans l’Inde et qu’au surplus la Compagnie avait alors des bateaux en quantité suffisante, sans être obligée de payer comme elle eût du le faire, l’armement de ceux de l’État. Mais lorsqu’elle en eut perdu un certain nombre, le roi donna tous ceux qu’on lui demanda et dans les pertes maritimes ce fut encore lui qui fut le plus éprouvé. Le seul reproche qu’on puisse lui faire, c’est pourtant de n’avoir pas fait en 1744 l’effort inconsidéré qu’il fit en 1741.


  1. Sans entrer dans le détail des chiffres, il nous paraît utile et intéressant d’en citer quelques-uns. Ainsi l’Aimable, le Fulvy, l’Hercule, le Machault, le Rouillé, le Triton, le Bristol et la Cybèle qui en temps de paix lui auraient coûté 2.200.000 fr., lui en coûtèrent 3.828.000. Le Lyon, le Villeflix, le Sultan, le Mascarin, le Dragon, le Premier Président, le Duc d’Harcourt, l’Aimable Nanon, le d’Ormesson, la Palme lui coûtèrent 1 million au lieu de 500.000 fr. De plus grands navires comme le Philibert, le Prince de Conty, le Lys, le Duc d’Orléans, l’Achille, etc., lui revinrent à 8.216.934 liv. au lieu de 3 millions, soit une augmentation nette de 5.216.934 liv.