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seaux anglais de Chine et peut-être d’autres. Là on était dans les règles, puisqu’on opérait en deçà du Cap. La Bourdonnais ne doutait pas que Dupleix ne fut disposé à le soutenir dans cet audacieux projet et le priait de lui envoyer à cet effet l’un de ses navires avec 50 bons soldats ; il en doutait même si peu qu’il en prévenait le ministre, comme si les arrangements étaient déjà certains et déterminés (A. C. C2 81, p. 5).

§ 3.

Or telles n’étaient point les idées de Dupleix.

Il avait appris la déclaration de guerre par un navire anglais arrivé à Madras le 16 septembre, mais il n’en fut lui-même officiellement avisé qu’un mois plus tard par la Charmante, partie de France le 9 mars. Il en exprima sa surprise à la Compagnie dans une lettre du 18 octobre où il disait en propres termes :

« Nous sommes tous les jours dans l’attente de recevoir un navire, ne pouvant nous persuader que dans une pareille occurrence la Compagnie laisse ses comptoirs de l’Inde dans une incertitude extrêmement préjudiciable à ses intérêts et à ceux des particuliers qui résident dans ses colonies. » (A. P., t. 7).

Comme dans les jours qui suivirent, on apprit l’arrivée dans l’Inde de six vaisseaux de guerre anglais, sous les ordres de Barnet, l’abandon dans lequel la Compagnie paraissait laisser ses établissements, ne pouvait que produire le plus mauvais effet sur l’esprit des gens du pays et affaiblir tout à la fois notre crédit et notre autorité. L’arrivée des vaisseaux anglais, suivant de si près la déclaration de guerre, indiquait la voie que nous aurions dû suivre nous-mêmes, pour protéger notre commerce et