Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par l’amiral Vernon et qu’ils avaient fait un butin de 50 millions de piastres.

« Nous ne donnons pas beaucoup de créance à cette dernière nouvelle, écrivait Dupleix au Conseil de Chandernagor le 12 février 1742. Messieurs les Anglais ont mis les autres nations sur le pied de ne point ajouter foi à celles qu’ils répandent. » (C. P. Ch., t. 2, p. 208).

Carthagène en effet n’était pas pris ; l’expédition se traduisit au contraire par un désastre pour l’amiral Vernon et Dupleix put ainsi compléter ses appréciations quelques jours plus tard (21 avril et 15 mai) :

« Les bruits que les Anglais avaient fait courir à ce sujet étaient marqués à leur coin… Une pareille nouvelle (l’échec de Carthagène) devrait les corriger de leur vanité et de leur mauvaise foi. »

Comment put-il être si confiant en 1744 ? Il aurait pu penser que les Anglais n’avaient pas oublié nos menaces de 1741 et qu’ils pouvaient lui répondre que ce n’étaient pas eux mais nous qui, en armant l’escadre de La Bourdonnais, avions envisagé les premiers la rupture de la neutralité. Mais on croit aisément en ce qu’on espère et Dupleix qui n’avait dans l’esprit aucun rêve d’expansion territoriale, désirait ardemment la paix, dans l’intérêt exclusif de notre commerce.

Sa confiance n’était cependant pas tout à fait injustifiée.

Le Conseil de Madras, présidé par le gouverneur Morse, répondit qu’il n’était pas moins désireux que celui de Pondichéry, d’entretenir une parfaite union entre les deux compagnies pour le bien réciproque de leur commerce. Il ne promettait toutefois la neutralité que pour son compte personnel et déclinait d’avance toute responsabilité pour