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tait à la Bourdonnais et au ministre tant de confiance dans l’avenir, le Favori, vaisseau de la Compagnie, commandé par Gilbert Deschenaye qui revenait de Manille, fut pris en rade d’Achem par le Midway, cap. Peyton et le Dauphin, cap. Moore, qui arrivaient tous deux d’Angleterre. C’était une perte de 400.000 roupies ; la consternation fut grande à Pondichéry, où la nouvelle parvint le 9 janvier 1745 par voie de Tranquebar et de Karikal.

Dupleix continua de penser que s’il n’avait tenu qu’à la Compagnie d’Angleterre, la tranquillité n’eut pas été troublée et peut-être ne se trompait-il pas. Mais il ne s’obstina pas plus longtemps dans ses illusions et, le cœur désenchanté, il prépara la guerre avec autant de soin qu’il l’avait évitée. Il se rappela alors les propositions que lui avait faites la Bourdonnais de faire d’un commun accord la guerre de course et d’urgence il lui fit passer le Fleury pour l’utiliser de la façon qui lui conviendrait le mieux. Dupleix écrivit en même temps aux subrécargues de tous ses navires de se concerter avec La Bourdonnais sur le plus sûr parti à prendre dans des circonstances aussi critiques ; il autorisait enfin la Bourdonnais à l’intéresser de 8 à 10.000 frs. dans chacune de ses entreprises de guerre (A. C. C2 81, p. 49-50).

Le Fleury, muni d’une forte artillerie, venait de Mahé où il avait été armé en guerre contre les Angrias ; à son passage à Cochin, il trouva en rade quatre navires anglais chargés pour Moka et Jedda et quoiqu’il pût les prendre tous les quatre, il s’en tint aux premiers ordres qu’il avait reçus et les laissa partir tranquillement. Le Favori n’avait pas agi autrement à Achem, la veille du jour où il fut pris par le Midway.

Prévoyant que la Compagnie, comptant sur la neutra-