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quand nous bouleverserions toutes les pierres de cette ville, dans un an d’ici tout sera relevé et Madras sera plus fort qu’il ne l’est aujourd’hui, parce que l’on se corrige de ses fautes et nous en serons pour les peines et les fruits de la démolition, sans aucun avantage par devers nous. » (Mémoire, n° 14).

Ainsi, soit qu’il se conformât aux instructions secrètes de 1741, qui lui prescrivaient de ne garder aucune conquête, soit qu’il considérât qu’à la paix les prises mutuelles ne seraient pas conservées, la Bourdonnais n’envisageait pas un instant que Madras put rester en notre possession. On remarquera encore qu’il demandait simplement les avis et conseils de Dupleix, mais, indépendant du gouverneur de Pondichéry, il ne se croyait nullement tenu de les suivre.

La réponse de Dupleix (20 juillet) n’est pas moins intéressante. Il se déclarait tout d’abord en mesure de former trois cargaisons pour le retour des vaisseaux d’Europe et donner à ces vaisseaux les approvisionnements nécessaires. Quant aux opérations militaires, la Bourdonnais pouvait être assuré qu’il le seconderait de tout ce qui dépendait de lui, de ses avis et de ses conseils ; il le lui avait déjà marqué plusieurs fois et prouvé d’une façon non douteuse en lui procurant au plus vite tout ce qu’il avait demandé en ses mémoires ou ses lettres ; il le lui répétait volontiers, comme d’autre part il informait le ministre par un état détaillé de tous les préparatifs qu’il avait fait conformément à ses ordres.

Il partageait au surplus l’opinion de la Bourdonnais sur la nécessité de l’expédition de Madras et de la dispersion préalable de la flotte anglaise, et il les jugeait toutes deux d’une exécution facile. En ce qui concernait le matériel de guerre qu’on lui demandait, il s’engageait beaucoup en le donnant ; si les événements de mer tournaient mal, Pondichéry restait sans défense ; néanmoins pour obéir