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aux ordres du roi, que la Bourdonnais invoquait, il lui prêterait soixante-deux canons, comme il pouvait aussi mettre à sa disposition pour l’expédition de Madras près de 900 soldats, cipayes et lascars en sus des 220 hommes déjà embarqués.

« Quant aux arrangements pour Madras, je ne puis, concluait Dupleix, vous dire ni savoir à présent, le parti qu’il conviendra de prendre, si vous avez le bonheur de vous en emparer ; les circonstances décideront de celui qui sera le plus convenable. Je vous ferai simplement la réflexion que, tandis que cette place subsistera, Pondichéry ne fera que languir et que tout le commerce y tombera toujours. Il n’est pas suffisant de se contenter d’un avantage présent, peut-être incertain ; il convient un peu de songer à l’avenir. Je ne suis point du tout du sentiment que cette ville étant démantelée puisse se rétablir en un an. Plusieurs années n’ont pu suffire à la mettre comme elle est. Les facilités et facultés sont aujourd’hui bien moindres. Il ne peut résulter qu’un très grand bien pour cette place de la démolition des murs et fortifications de cette ville. » (A. C. C2 81, p. 59-61).


L’avenir de Madras restait ainsi dans le vague, puisqu’aux solutions précises de la Bourdonnais qu’il n’acceptait pas, Dupleix renvoyait aux circonstances le soin d’imposer celle qui conviendrait le mieux. Il est vraisemblable qu’en conversant ensemble ils s’étaient demandés s’il convenait de garder Madras et que, devant une divergence de vues persistante, Dupleix avait cru plus habile, pour ne pas compromettre l’expédition, de dissimuler quelque peu ses vues d’avenir ; que serait-il advenu si la Bourdonnais, sachant d’avance qu’on ne tiendrait pas compte de ses résolutions, s’était refusé à toute entreprise ? Ce n’est pas Dupleix qui eut pu le remplacer. Mais déjà les bases du désaccord étaient posées et nul des