Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à revenir à Pondichéry d’où il repartirait aussitôt dans le plus grand mystère pour aller attaquer Madras par surprise et s’en emparer et il ne doutait point qu’en sept jours, soit entre les 26 août et 4 septembre, il put tout terminer, sans que la flotte ennemie eût eu le temps d’intervenir. Cet exploit accompli il retournerait aux Îles le 15 octobre au plus tard.

Dupleix connut ces diverses considérations par une lettre du 14 que lui apporta Paradis lui-même le 17 au matin. Il eut pu n’y rien répondre, puisqu’il savait qu’avant quatre ou cinq Jours la Bourdonnais serait de retour à Pondichéry ; il tint cependant à lui écrire, sans doute pour établir en vue de l’avenir leurs mutuelles responsabilités. En cette lettre extrêmement longue, Dupleix ne voulait point entrer dans la discussion des raisons qu’invoquait la Bourdonnais pour abandonner la poursuite de l’escadre anglaise ; il s’arrêtait seulement à son idée de vouloir retourner aux îles dès le 15 octobre. Il ne l’approuvait point. Non seulement, d’après lui, il serait nécessaire que la Bourdonnais restât encore quelque temps dans l’Inde après la prise de Madras pour en suivre les conséquences, mais l’escadre anglaise subsistant en entier n’hésiterait sans doute pas à nous faire cruellement sentir les suites de cet abandon et nous deviendrions la risée de nos ennemis et des Indiens eux-mêmes, qui ne comprendraient pas qu’on eût fait en pure perte des dépenses aussi considérables. Si au contraire, après avoir hiverné à Achem ou ailleurs, notre flotte revenait en décembre ou janvier à la côte Coromandel, elle pourrait aller croiser vers Ceylan pour y attendre les vaisseaux que les Anglais seraient assez téméraires pour expédier du Bengale et il ne serait pas difficile de les y décider, en proclamant partout que notre escadre retournait effectivement aux