Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/292

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il croyait au surplus la prise des plus faciles, Dupleix reculait moins devant les dépenses d’un siège que devant la crainte de mécontenter le nabab qui, sans nous déclarer formellement la guerre, pourrait fort bien empêcher les vivres de nous parvenir ; comment alors approvisionner notre escadre ? Il conseillait en conséquence à la Bourdonnais de continuer à rechercher l’ennemi ; ses forces étaient manifestement inférieures aux nôtres et, poursuivi par nous, il n’aurait bientôt plus d’autres ressources que d’accepter le combat ou de fuir au Bengale où il cesserait d’être dangereux. Dans l’un ou l’autre cas, le siège de Madras et non celui de Goudelour en devait être la conséquence (A. C. C2 81, p. 61 et 62).

Cette lettre parvint à la Bourdonnais à Karikal où Paradis était venu tout exprès de Pondichéry pour lui faire part des conversations dont elle avait fait l’objet avec Dupleix. On examina à nouveau le parti à prendre. D’après divers renseignements qui concordaient tous, l’escadre anglaise était mal en point et, selon toute apparence, on n’aurait pas de mal à la détruire, si l’on pouvait la joindre. Mais la joindrait-on ? Les vents continuaient de nous être défavorables et les vaisseaux anglais étaient meilleurs voiliers que les nôtres. Il était peu probable que volontairement ils s’exposassent à un combat. Que faire ? S’obstiner à les poursuivre sans jamais les atteindre, c’était compromettre l’expédition de Madras ou la reporter à un temps où la Bourdonnais ne pourrait plus revenir aux îles ni renvoyer de cargaisons en Europe ; attaquer Madras sans l’avoir préalablement détruite, c’était s’exposer à la voir revenir au moment même des opérations, sans que nous puissions soutenir à la fois une action terrestre et maritime. Après cet échange de vues, La Bourdonnais inclinait à abandonner la poursuite et