Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/295

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mal avec les indécisions et les atermoiements où l’esprit de la Bourdonnais commençait à se perdre et comme elle lui traçait en réalité une ligne de conduite toute autre que celle qu’il avait imaginée, il est vraisemblable qu’elle le choqua par plus d’un trait et ne le disposa pas ultérieurement à des concessions. En tous cas, il est indéniable que le programme esquissé par Dupleix était le plus rationnel et le plus conforme à nos intérêts.

Après être resté deux jours à Karikal, La Bourdonnais alla jusqu’à Negapatam, qui est à trois lieues au sud. Il y trouva le Maure et le Charles, ces deux vaisseaux de Manille et de Merguy qui nous avaient été pris dix-huit mois auparavant et que les Hollandais avaient achetés. Il en demanda la restitution. Le Conseil ne crut pas pouvoir y consentir, pour la raison que l’affaire devait être décidée en Europe entre la Cour de France et les États-Généraux, mais en attendant que cette décision intervint, il consentit à donner une obligation de 10.000 roupies sur l’un et 10.000 pagodes sur l’autre pour nantissement de leur valeur.

On était au 17 août et la Bourdonnais, descendu à terre, allait se mettre à table, à une heure de l’après-midi, lorsqu’on vint l’avertir que cinq vaisseaux paraissaient dans le sud. C’était l’escadre anglaise. Sans perdre de temps, la Bourdonnais rejoignit son bord et fit arborer le pavillon hollandais à tous ses navires pour mieux tromper l’ennemi. Mais les Anglais ne furent point dupes de cette manœuvre et après s’être rapprochés un moment, ils virèrent soudain de bord et profitant de l’avantage du vent, ils s’enfuirent à toutes voiles. Le lendemain retrouva les deux flottes en présence, et l’escadre anglaise toujours aussi peu disposée à accepter le combat. La Bourdonnais la serrant d’assez près allait peut être l’y détermi-