Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ner, lorsque tout à coup le vent changea et favorisa de nouveau l’ennemi. Le 19 au matin, on l’aperçut encore à six lieues au sud ; les deux flottes se suivirent jusqu’à une heure de l’après-midi, l’une fuyant, l’autre chassant, mais à ce moment les vents changèrent encore une fois ; l’ennemi prit le large et bientôt après disparut à l’horizon.

La Bourdonnais, jugeant avoir assez fait pour l’honneur et le devoir, estima que le temps était trop précieux pour le gaspiller en efforts infructueux, et suivant ses premières inspirations, il tourna vers le nord et revint à Pondichéry, où il arriva le 23 août dans la journée.

§ 5.

Il était toujours entendu que l’expédition de Madras resterait un mystère et qu’on armait les vaisseaux pour une croisière inconnue. Afin de mieux donner le change, même aux membres du conseil de Pondichéry, Dupleix avait répandu le bruit que la Bourdonnais revenait uniquement pour cause de maladie, et, pour donner plus de créance à ce bruit, il l’avait prié de ne débarquer qu’à la brume enveloppé d’une robe de chambre et coiffé d’un bonnet de nuit. La Bourdonnais souffrait en effet depuis son départ de Pondichéry d’une fièvre violente et continue, qui parfois l’avait empêché d’écrire et lorsqu’il arriva à Pondichéry, sa maladie avait fait tant de progrès qu’il ne put descendre que le lendemain. Paradis vint le voir et ils causèrent un moment. On ignore ce qu’ils purent se dire ; quoi qu’il en soit, à l’issue de cette conversation, la Bourdonnais écrivit à Dupleix pour le consulter sur ce qui restait à faire. L’expédition de Madras était toujours son objectif, encore qu’elle ne lui fut point ordonnée par le