Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/309

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18 septembre suivant, il exprimait l’opinion qu’avec 500 soldats et deux mortiers il pourrait réduire tous les princes musulmans au sud de la Kistna. En attendant il répondit au nabab (5 septembre) que les officiers de nos navires de guerre n’étaient guidés que par des instructions données en France et il lui envoya, en signe d’amitié, un cadeau de 150 oranges.

Le 9 septembre — était-ce une réponse à cette lettre ? — le nabab lui fit savoir que, puisqu’en dépit de ses instructions, il avait attaqué Madras, il ne lui permettait plus de rester à Pondichéry et qu’il allait venir l’y attaquer. Malgré la mauvaise opinion qu’il avait des forces indigènes, Dupleix sentit la nécessité de ne pas brusquer les événements.

« Jusqu’à ce jour, écrivit-il le lendemain tant au nabab qu’à Nizam Oul Moulk, les Anglais de Madras ont pris injustement nos navires ; ils en ont même pris un allant à Manille et qui portait le nom et le pavillon de Mohamet Cha, l’empereur de Delhi. L’insulte faite au Mogol, votre ami, a mis en colère le roi de France qui a ordonné par représailles de prendre Madras et d’y remplacer le drapeau britannique par le drapeau français. »

En envoyant des navires de guerre, pour l’expédition en cours, Dupleix ne faisait qu’exécuter ce mandat royal, et il comptait que le nabab l’y aiderait.

Cette façon habile de se couvrir du nom du Mogol et de s’adresser également à Nizam Oul Moulk, souverain réel du Carnatic, ne laissait pas que d’être assez gênante pour le nabab qui dut modérer ses ardeurs belliqueuses. Et dans une lettre reçue le 19, il se contentait de réitérer son étonnement de voir les Français attaquer Madras, où la guerre n’atteindrait pas seulement les Anglais, mais encore les Guzerates, les Patanes et tous les autres Indiens