Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/339

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ne sois pas toujours du même avis que vous, je ne verrais pas sans peine se ralentir votre bonne volonté à ce sujet. »

Après cet exorde, il reprenait ses arguments contre le démantèlement et en faveur de la rançon et exposait ce qu’il comptait faire de son escadre. Il n’était nullement hostile à l’expédition de Goudelour, mais « si la fortune suit nos espérances, concluait-il à mots couverts, la côte Coromandel ne sera pas la seule à sentir nos forces. » (Mémoire, n° 68).

Hélas ! la fortune ne devait pas répondre à nos désirs. Lorsque la Bourdonnais faisait ces rêves, il venait officiellement de décliner l’autorité du Conseil supérieur et, sans rien signer encore, de prendre les derniers accommodements avec les Anglais pour la rançon de leur ville. Cette double rupture avec la politique et les idées de Dupleix n’était pas de bon augure pour toute opération militaire nouvelle que l’on voudrait tenter.

Le refus de se soumettre au Conseil supérieur n’était pas inattendu ; toutes les informations de Madras, transmises par d’Espréménil, le laissaient prévoir. Chaque fois qu’il avait conseillé à la Bourdonnais de reconnaître avec bonne grâce l’autorité du gouverneur de Pondichéry, il avait été éconduit par cette unique et invariable réponse : Dupleix n’était pas chargé des ordres du roi et n’avait aucune qualité pour disposer de Madras comme bon lui semblait. Il en fut ainsi jusqu’au moment où, tout espoir de s’entendre à l’amiable ayant disparu, le Conseil supérieur mit la Bourdonnais en demeure de prendre un parti. La réponse ne se fit pas attendre, et il nous faut la citer tout entière, moins parce qu’elle apporte un fait nouveau que parce qu’elle définit très exactement la situation :