Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/338

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pour s’y conformer, ils le priaient de ne point trouver mauvais que ni le gouverneur ni eux n’entrassent plus pour rien dans tout ce qui concernait la ville de Madras.

La logique eut voulu qu’après cette déclaration ils attendissent une réponse pour savoir s’ils devraient réellement continuer à s’occuper des affaires de Madras ; mais ils étaient trop pressés d’agir, et leur seconde lettre n’est qu’un examen des mesures à prendre et des ordres à donner. Le Conseil faisait connaître à la Bourdonnais ce qui lui paraissait convenable pour la répartition des bateaux et des troupes et pour les mouvements futurs de l’escadre dont il serait nécessaire de retenir sept vaisseaux dans l’Inde. Pas de rançon ; pour porter aux Anglais le coup qu’ils méditaient contre nous, il fallait faire sauter les murs et fortifications, tous les magasins, maisons, etc. appartenant à la Compagnie. La ville ainsi démantelée serait remise aux Maures qui pourraient bien, il est vrai, la revendre aux Anglais, mais ce serait une ville ouverte et dans laquelle les marchands ne voudraient plus travailler. On lâcherait alors de les décider à venir s’établir à Pondichéry, et Madras aurait à jamais vécu. On achèverait ensuite de ruiner les Anglais en s’emparant de Goudelour, opération qui pouvait se faire en trois jours. (Mémoire, n° 67).

Tout n’était pas d’une sincérité absolue en cette lettre qui trahit l’inspiration de Dupleix, s’il ne l’a lui-même rédigée ; jamais il n’avait eu l’intention de rendre Madras au nabab. La Bourdonnais répondit le 27 au matin, non sans quelque ironie :

« Votre lettre est pleine de bons conseils dont je vous remercie et encore plus de la façon dont ils sont donnés. Je me ferai toujours un vrai plaisir de les recevoir et quoique je