Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/355

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principaux officiers afin de les inciter d’une façon détournée à ne plus reconnaître l’autorité de la Bourdonnais.

« Pressé, sollicité par la colonie entière, disait Dupleix, je n’ai pu me dispenser d’arrêter promptement tout le mal et le déshonneur qui allait résulter d’un traité mal conçu et encore plus mal dirigé. Sa lecture vous surprendra autant qu’elle a révolté la colonie… Toutes ces considérations me persuadent que vous serez le premier à donner l’exemple à tous les bons français qui, comme vous verrez, sont toujours disposés à se ranger où la raison et l’ordre de nos maîtres nous souhaitent. Nous n’ôtons rien à M. de la Bourdonnais ; nous le laissons dans le poste qu’il occupe ; personne de nous ne l’envie, quoiqu’il soit beau, mais nous savons nous contenir dans les bornes qui nous sont prescrites. Je vous avouerai que je suis au désespoir d’être forcé d’agir comme je fais ; il n’y a pas de moyens, de prières, de supplications dont je ne me sois servi, pour arrêter M. de la Bourdonnais sur ce traité imaginaire, fondé sur des billets. Rien n’a pu l’arrêter. Je ne puis plus suspendre l’autorité dont je suis revêtu dans l’Inde, sans me rendre traître à mon roi et à ma patrie. J’agis. » (Mémoire, n° 87).

Bury et ses collègues arrivèrent le 2 octobre à 8 heures du matin à St-Thomé ; Dulaurens et Barthélémy les y attendaient. Tous ensemble, ils allèrent aussitôt à Madras. S’il faut en croire le journal des députés, les choses prirent tout de suite une tournure révolutionnaire. En passant devant le corps de garde, qui était sous les armes, Bury aurait dit aux soldats : « Enfants, on veut livrer cette place pour de mauvais papier et vous frustrer par là de ce qui doit vous revenir légitimement. Nous venons exprès pour casser cette convention et vous faire avoir, ainsi que la Compagnie, de l’argent comptant. » À ces mots, tous les soldats auraient poussé des cris de joie. Le Mémoire de la Bourdonnais nous dit au contraire que « la proposition