Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/357

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La Bourdonnais répondit simplement qu’il ne reconnaissait l’autorité de qui que ce fût dans l’Inde et à son tour il donna lecture des ordres dont il était porteur. Il ajouta que si les Anglais voulaient lui rendre sa parole, il ne demandait pas mieux que de laisser aller les choses comme on le désirait, mais que s’ils l’invoquaient il la tiendrait, fût-ce au péril de sa vie. Les députés lui dirent que les conditions du traité étaient trop avantageuses aux Anglais pour qu’ils s’en désistent volontairement. Sur un mot équivoque qui fut alors prononcé, l’assistance devint tout à coup houleuse. La Bourdonnais se serait mis à crier : « À moi, mes officiers, qu’on batte la générale et qu’on prenne les armes. » — « Oui, aurait dit Paradis, nous aurons tous les bons Français pour nous. » Le calme s’étant un peu rétabli, on reconnut l’équivoque et la conversation reprit, mais on ne s’entendit pas mieux. « Vous ne voulez pas évacuer la place, dit la Bourdonnais aux députés de Pondichéry ? si fait, par Dieu ! vous l’évacuerez ou bien vous vous en tirerez comme vous le jugerez à propos, c’est ce qui m’importe peu, mais je suis bien aise cependant de vous dire que je vous conseille de vous retirer. — Nous n’avons pas d’autres ordres à prétendre, lui répondirent les députés, que ceux que M. d’Espréménil voudra bien nous donner. — Oui, dit-il, que ceux qui sont du parti de M. d’Espréménil se mettent d’un côté et que ceux qui sont du mien se mettent de l’autre et nous allons voir ce qui arrivera. — Nous ne sommes pas venus, Monsieur, lui dirent-ils, pour faire la guerre et combattre contre notre propre nation : tout bon Français pensera de même et c’est ce qui nous rassure contre vos emportements. — Retirez-vous, répéta-t-il. — Non, Monsieur, nous ne le pouvons pas et c’est à vous à user de violence, si vous voulez nous y contraindre.