Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/358

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Sicre de Fonbrune s’entremit pour pacifier encore une fois les esprits. Lorsqu’une certaine accalmie se fut produite, la Bourdonnais proposa de tenir un conseil de tous les officiers des Îles et de ceux de Pondichéry, pour examiner avec eux s’il pouvait manquer à la parole d’honneur qu’il avait donnée aux Anglais. Les officiers de Pondichéry ayant refusé de participer à cette assemblée, ceux des Îles tinrent séance tenante un conseil de guerre particulier où, à l’unanimité des 30 membres présents, la résolution suivante fut adoptée :

« Nous sommes tous d’avis que M. de la Bourdonnais doit tenir la parole qu’il a donnée à Messieurs les Anglais. »

Les conseillers anglais, informés par les députés de la protestation de Dupleix contre la capitulation, signifièrent à leur tour à la Bourdonnais la sommation qu’ils lui avaient remise en particulier le 27 septembre et dont ils n’avaient pas encore fait un usage officiel. La Bourdonnais en donna lecture publiquement et à haute voix et ajouta qu’il s’y conformerait.

Devant cette attitude, il ne restait plus aux députés qu’à le faire arrêter ou à se retirer. L’arrêter ou plutôt le mettre aux arrêts, c’était dans leurs instructions, et la lettre circulaire adressée deux jours auparavant aux principaux officiers n’avait pas eu d’autre but que de préparer ce coup hardi, mais cette lettre n’avait pas produit l’effet désiré et la majorité de l’assistance était visiblement favorable à la Bourdonnais. Les députés préférèrent donc se retirer. Au moment de leur départ et comme pour jeter l’oubli sur la scène qui venait de se dérouler, la Bourdonnais les invita tous à déjeuner ; aucun n’accepta l’offre. Dans la journée, il leur fit demander d’assister à la vérification de la caisse qui allait avoir lieu ;