Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naient, au moins par le nombre. Malgré ces perspectives, la Renaudais se résolut à faire descendre à terre plusieurs officiers et une cinquantaine de soldats (13 mars). Cette opération était à peine terminée, que le Saint-Joseph venu de Mahé avec le conseiller de Leyrit apporta des lettres du conseil, datées des 6 et 7 mars, invitant la Renaudais et son escadre à venir directement à Mahé, afin d’éviter tout risque de conflit avec les Hollandais. Les troupes qui étaient déjà débarquées mais n’avaient pas encore arboré notre pavillon, furent aussitôt rappelées à bord où, après avoir tenu avec de Leyrit une sorte de conseil de guerre, on décida d’exécuter les ordres de Mahé. Il parut dur à nos officiers d’abandonner une population qui nous avait accueilli avec de grandes démonstrations de joie et de tromper les espérances des ministres du roi qui nous avaient offert des présents au nom de leur maître, mais les ordres du Conseil de Mahé étaient impératifs.

La flotte n’appareilla toutefois que le 15 au matin, afin de ne pas avoir l’air de fuir devant l’escadre hollandaise, qui peu à peu s’était rapprochée au point de nous encercler. Ce fut en vain que le roi de Travancore et les notables de Colèche nous dépêchèrent une embarcation côtière pour nous prier de revenir ; la Renaudais promit vaguement d’exaucer ce vœu à son retour de Mahé et continua sa route, suivi jusqu’à Cochin par une partie de la flotte hollandaise, toujours peu rassurée sur nos intentions.

Dumas avait lui-même invité la Renaudais à se conformer aux ordres que le Conseil de Mahé, connaissant mieux la côte, pourrait éventuellement lui donner, mais il n’avait jamais supposé que ces ordres iraient jusqu’à l’abandon de l’établissement lui-même ; dans sa pensée, ils n’avaient trait qu’à la conduite qu’il fallait tenir avec les gens du pays et aux différents articles à insérer dans