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et j’ai de l’autre le regret de perdre des occasions si favorables d’augmenter le domaine et le commerce de la nation dans l’Inde ». (A. C., C2, 80, p. 6).

Il résulte bien de cette lettre que jusqu’en 1740 ni la Compagnie ni les gouverneurs de Pondichéry n’avaient entrevu la possibilité d’un développement territorial de nos établissements et n’en avaient même formulé le désir. Malgré les avantagea qu’il entrevoyait pour notre commerce, Dumas ne jugea pas opportun ou prudent de forcer la décision de la Compagnie en fermant un comptoir quelconque dans la baie de Tuticorin, mais il eut moins de scrupules pour la côte Malabar. Le roi lui avait envoyé des ambassadeurs avec un projet de traité qui nous cédait le droit de propriété sur toute la ville de Colèche avec le monopole commercial des poivres et des toiles jusqu’à neuf lieues dans l’intérieur des terres. Après avoir pesé ces conditions et sans se soucier plus qu’il ne convenait de l’opposition ou même de l’hostilité des Hollandais, Dumas se résolut à retenir l’un des vaisseaux de France, le Maurepas, et à l’envoyer à la côte Malabar avec deux autres vaisseaux des Indes, le Pondichéry et l’Aventurier, commandée respectivement par la Renaudais, chef de l’expédition, d’Albert et la Gâtinais.

Cette petite flotte, partie de Pondichéry le 18 février 1740, fut en vue de Colèche le samedi 12 mars. Par des communications avec la terre, elle apprit que le roi de Travancore était depuis quelques jours en guerre avec les Hollandais et avec plusieurs petits souverains du pays qui le serraient étroitement. Débarquer, c’était s’exposer à paraître prendre parti entre les belligérants et le danger était d’autant plus grand que sept à huit vaisseaux hollandais armés en guerre tenaient la côte et nous domi-