Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/380

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ment démâtés ou ayant dû jeter à la mer une partie de leurs canons, et c’est alors seulement que la Bourdonnais se rendit compte de l’importance du désastre.

Tout n’était pourtant pas perdu. Les navires échappés à la tourmente pouvaient être réparés et il restait à Pondichéry, où la tempête n’avait pas sévi, sept navires capables de tenir la mer : le Centaure, le Mars, le Brillant, le Lys, la Renommée, le Saint-Louis, et le Sumatra. C’était en tout onze navires dont on pouvait disposer, pour une entreprise à déterminer.

Mais le sort de Madras ne se réglait pas. Aux pressantes sollicitations de la Bourdonnais, Dupleix avait d’abord répondu par une sorte d’acquiescement. Quand il eut examiné de plus près le traité et les articles annexes qui fixaient à la fin de janvier l’évacuation de la ville, il lui parût que cette date était encore trop rapprochée et par lettre du 13, reçue à Madras le 16, il proposa de n’évacuer la place que lorsque le partage serait entièrement fini. Pendant ce temps d’Espréménil serait reconnu comme commandant de la ville, sans se préoccuper du consentement des Anglais ; il serait assisté d’un conseil d’administration de quatre membres, dont deux désignés par la Bourdonnais ; ce conseil serait sous les ordres directs de Dupleix. La Bourdonnais emmènerait les otages et, s’il n’emportait pas avec lui les billets, il les laisserait à un procureur pour agir en son nom, « le Conseil ne pouvant s’engager à faire exécuter l’article de la rançon, laissant à ce sujet toute liberté à M. de la Bourdonnais de faire ce qu’il croira pouvoir le mener à la réussite, le Conseil n’ayant à présent d’autre dessein que de s’assurer du partage ». Enfin le Conseil prétendait ne rien signer avec les Anglais et ne s’engager qu’avec la Bourdonnais (Mémoire, n° 153).