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seulement à Dupleix à 3 heures du soir : « Je prendrai, je crois, le parti le plus simple, qui est de vous laisser copie de la capitulation, pour vous abandonner la terre, pour me donner tout entier à sauver les débris de nos pertes de mer. » Il n’en disait guère plus le lendemain matin à 8 heures : « Pressé par le temps et la situation de mon escadre, qui a bien changé de face, je remettrai Madras entre vos mains, à condition que vous lui tiendrez celles auxquelles il s’est rendu à moi. Ce sera votre affaire de les lui tenir ou de lui en faire d’autres. Vous serez le maître de faire ce que bon vous semblera. »

Aucune allusion aux contre-propositions de Dupleix. La Bourdonnais jugeait sans doute que les Anglais ne les accepteraient pas et qu’autant valait les considérer comme inexistantes. Il lui fut très facile dans ces conditions d’obtenir de Morse que la date d’évacuation de la ville primitivement fixée du 10 au 15 octobre fut sensiblement ajournée, puisqu’aussi bien elle était déjà dépassée, et ils convinrent officiellement de la reporter à la fin de janvier.

Le 18 la Bourdonnais informa Dupleix qu’il allait remettre la ville aux ordres de d’Espréménil :

« À la seule condition, ajoutait-il, de garder la capitulation que je lui ai accordée, comme vous me l’avez promis. Je la crois bonne et convenable à notre situation présente. Si vous en jugez autrement vous êtes maître de suivre sans scrupule votre façon de penser, ce n’est plus mon affaire. C’est assez pour moi d’y avoir planté le pavillon de mon roi, d’avoir gardé ma parole aux Anglais, et par l’abandon unique que j’en fais, de mériter l’estime de mes amis et de mes ennemis. » (Mémoire, n° 165).

Cette lettre ne comportait pas de réponse et il ne restait plus à la Bourdonnais et aux Anglais qu’à signer le