Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/411

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je n’aie pas eu le temps de les examiner. Je vous souhaite bonne santé. Mes respects à Madame et me croyez, etc. »


et il appareilla.

Dès que les vaisseaux furent à deux lieues au large, la Bourdonnais fit venir à son bord tous les capitaines et leur donna ses instructions dont la principale était de suivre celles qu’ils avaient reçues du Conseil Supérieur. Toutefois, quelque ordre qu’ils pussent recevoir, et à quelque parti que s’arrêtât Dordelin, il leur était expressément recommandé de se rendre à l’Île de France du 10 au 15 mars, à peine de désobéissance et d’en répondre en leur propre et privé nom. C’est pourquoi en arrivant dans un comptoir de l’Inde, ils devaient déclarer au conseil établi que le plus tard qu’ils en pourraient sortir serait la fin de janvier.

Comme l’avait prévu la Bourdonnais, le Centaure, le Mars, le Brillant et le Saint-Louis l’eurent bientôt perdu de vue, ce qui fit qu’après bien des efforts inutiles pour les suivre, il fut enfin obligé de céder aux vents et de prendre la route des îles où il arriva le 10 décembre. Quant à Dordelin, il était déjà arrivé à Achem le 6 du même mois ; fort heureusement il n’y trouva pas l’escadre de Peyton, non plus que deux vaisseaux de guerre du Commodore Griffin, qui étaient partis pour le Bengale.

Là se termine une page de l’histoire de l’Inde. On ne la ferme pas sans quelque amertume. Ce n’est pas qu’on regrette outre mesure que la querelle de Dupleix et de la Bourdonnais nous ait empêchés d’entreprendre quelques conquêtes nouvelles qui peut être n’eussent pas réussi et qui en tout cas n’eussent pas été confirmées à la paix ; mais on est affligé de voir deux hommes dans une situation aussi élevée discuter entre eux des plus graves intérêts de leur pays comme s’il se fut agi de leurs affaires personnelles,